Dans la capitale du Zimbabwe Harare, l’eau potable pourrait bientôt ne plus couler des robinets en raison des difficultés financières de son unique usine de traitement. Le 23 septembre 2019, celle-ci a dû suspendre la distribution de l’eau faute d’avoir pu importer les produits chimiques nécessaires au traitement, dont le coût s’élève à 3 millions de dollars américains par mois. Motif : le pays manque cruellement d’argent. Dans ce contexte, en attente de paiement et de dédouanement, les produits sont restés bloqués à la frontière sud-africaine.Finalement, le maire de la capitale, Enock Mupamawonde, a annoncé à la presse avoir déniché “des stocks de produits chimiques pour reprendre la production d’eau”. La ville les aurait achetés à des fournisseurs locaux, précise Reuters. Pendant ce temps, la population doit faire la queue pendant des heures pour tenter de trouver le précieux liquide.
“We hardly have water in our taps. We pray daily that the cholera outbreak does not recur. A few boreholes were dug, but you have to queue for long to get water, yet we have other things that we have to queue for in our lives,” a resident told CNN https://t.co/FLihlRhOVH — CNN Africa (@CNNAfrica) September 25, 2019
(“Nous n’avons presque plus d’eau à nos robinets. Nous prions chaque jour pour que le choléra ne revienne pas. Il y a bien eu quelques forages mais il faut faire la queue très longtemps pour obtenir de l’eau. Pourtant, il y a bien d’autres choses pour lesquelles nous devons faire la queue dans la vie”, a expliqué un habitant à CNN.)Un manque d’eau qui ne date pas d’hierEn fait, le manque d’eau ne date pas d’hier. “On n’en a plus au robinet depuis plus de 10 ans maintenant. J’ai dû installer dans ma propriété deux gros réservoirs de 5000 litres”, a indiqué à l’AFP Tapiwa Moyo, un habitant de Glen Lorne, quartier de classes moyennes dans l’est de la capitale. Dans ce contexte, de nombreux citoyens sont obligés d’utiliser de l’eau tirée de puits creusés dans des conditions sanitaires douteuses à l’origine de fréquents cas de choléra. En 2018, la maladie avait entraîné la mort d’une cinquantaine de personnes. Il s’agissait de la plus grave épidémie depuis une décennie.
Crise économique et financièreMais la sécheresse n’explique pas tout. “Les problèmes d’eau ont été aggravés par l’environnement économique difficile que nous connaissons tous”, concède le maire de la capitale cité par Newsday. De fait, le Zimbabwe est englué depuis près de vingt ans dans une crise économique et financière catastrophique, héritage de la dictature de l’ex-président Robert Mugabe (1980-2017). Ce dernier est mort début septembre à l’âge de 95 ans, après avoir été renversé par l’armée fin 2017. Ruiné par l’hyperinflation, le chômage de masse et la dévaluation de sa devise (le dollar du Zimbabwe), le pays manque de tout, du carburant à la farine, en passant par l’électricité et les devises fortes. Les coupures de courant durent parfois 18 heures par jour.Les services publics de base comme la distribution d’eau n’échappent pas à ce désastre. L’usine de traitement de Morton Jaffray, la seule qui alimente les quelque 4,5 millions d’habitants de l’agglomération d’Harare, subit régulièrement des pannes. Selon le maire, 55% de l’eau se perd dans les fuites des canalisations, totalement obsolètes. Click Here: Atlanta United FC Jersey