Le couple formé par Carlos et Carole Ghosn revient sur sa « descente aux enfers » depuis la mise en examen, puis la fuite au Liban, de l’ancien PDG de l’alliance Renault-Nissan. Dans un ouvrage publié le 3 mars, Ensemble toujours, ils racontent les deux années mouvementées qui ont suivi.
La chute du patron de Renault avait défrayé la chronique à l’international pendant de longs mois. Mercredi 3 mars, Carlos Ghosn et son épouse Carole publient un livre, Ensemble toujours, écrit à quatre mains, pour raconter leur « descente aux enfers » depuis la mise en examen du patron automobile.
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Tout commence le 19 novembre : Carlos Ghosn est arrêté à la sortie de son jet privé sur le tarmac à Tokyo. Inculpé d’abus de biens sociaux et d’abus de confiance, il est immédiatement incarcéré dans la capitale japonaise. Mais le patron de l’empire Renault-Nissan n’accepte pas ses conditions de détention, ni l’assignation à résidence qui suit. Il décide donc de s’enfuir illégalement et de rejoindre son pays d’origine, le Liban, en décembre 2019. Une fuite qui alimentera de nombreuses rumeurs quant aux méthodes utilisées. Il aurait en effet voyagé à bord d’une caisse habituellement réservée au transport d’instruments de musique.
Le couple Ghosn, interrogé dimanche 28 février sur Europe 1 par Frédéric Taddeï, a choisi d’expliquer les raisons qui l’ont poussé à publier le récit de ses tourmentes judiciaires. Après qu’une éditrice les a « sollicités », Carole et Carlos se montrent tout d’abord réticents. Puis, à la réflexion, ils choisissent d’accepter de « partager » leur histoire, « comme une résilience après l’épreuve ».
« C’était un moyen de pression »
Après plus d’une année passée à Beyrouth, Carlos Ghosn continue de juger sa situation « injuste ». En effet, selon lui « cette arrestation a été un choc » qui nécessitait d’en parler « d’une manière réaliste ». Il s’agit d’ailleurs plutôt de deux situations, puisqu’au moment de l’arrestation de son époux, Carole Ghosn se voit interdire par la justice nippone d’entrer en contact avec lui. « C’était un moyen de pression », estime-t-elle désormais. Selon Carlos Ghosn, les enquêteurs ont pensé « qu’en essayant de fragiliser leur relation », ils obtiendraient plus facilement des aveux du prévenu.
Le système judiciaire japonais, connu pour être particulièrement sévère, ont approfondi le ressentiment du couple. « C’est un système de l’otage », rapporte l’ancien patron de l’alliance automobile franco-japonaise. Et de souligner que « ce terme n’est pas de moi, il est des Nations Unies ». Il se félicite, sur les ondes d’Europe 1, d’avoir « eu la chance d’arriver à sortir de ce carcan » visant à obtenir des aveux sur les faits lui étant reprochés.
Aujourd’hui abrité par sa nationalité libanaise – Beyrouth n’extrade pas ses ressortissants – Carlos Ghosn fait toujours l’objet d’une demande d’arrestation d’Interpol. Les autorités libanaises lui ont néanmoins interdit de quitter le pays, afin de ne pas le perdre de vue. Toujours en attente de son procès japonais, mais également visé par des enquêtes en France, Carlos Ghosn garde espoir de redorer son image. Sa femme également « espère que [son mari] va pouvoir rétablir sa réputation », sérieusement ternie par ces affaires.
Article écrit en collaboration avec 6Medias
Crédits photos : Dar Al Mussawir / Panoramic / Bestimage