Dans le cadre de la révision de la loi de bioéthique, l’élargissement du diagnostic préimplantatoire, permettant d’étudier les risques d’anomalies génétiques sur un embryon obtenu par FIV, à d’autres pathologies est discuté. Une vingtaine de parents d’enfants malades craignent “un eugénisme 2.0”.
Sommaire
- Une menace pour l’humanité ?
- Le tri embryonnaire, “une défaite de la médecine”
“Nous, parents d’enfants malades, nous n’avons pas choisi notre enfant, nous l’avons accueilli tel qu’il est, tel qu’il était.” Marie-Axelle Clermont, maman de Gaspard, atteint de la maladie de Sandhoff, Domitille et Cyril Bouet, parents de Côme, porteur de
trisomie 18 et bien d’autres poussent un cri du cœur. Dans une tribune parue le 6 janvier 2020 dans Le Figaro, ils expliquent les raisons pour lesquelles ils sont contre l’extension du
diagnostic génétique préimplantatoire (DPI), discuté en ce moment au Sénat dans le cadre de la révision de la
loi de bioéthique.
Le DPI est proposé aux couples présentant un risque élevé de transmettre une
maladie génétique à leur enfant. L’embryon obtenu après une
fécondation in vitro (FIV) est donc analysé, en vue de rechercher d’éventuelles anomalies sur des chromosomes, avant implantation dans l’utérus. Lorsqu’une anomalie est repérée, le couple peut choisir d’implanter l’embryon ou non. Aujourd’hui, le DPI pourrait être étendu aux aneuploïdies (DPI-A), c’est-à-dire aux anomalies du nombre de chromosomes. Une menace pour l’humanité ?Les signataires de la tribune expliquent se ranger du côté de la ministre de la Santé Agnès Buzyn, qui s’est opposée à cette possibilité “avec fermeté pour des raisons scientifiques, éthiques et sociétales”. Selon eux, “cette demande conduit à opérer un tri eugénique sur la seule base de critères génétiques” : “Sur quels critères acceptables les enfants de demain naîtront-ils ? Devront-ils être fabriqués pour répondre à un cahier des charges ? Les
tests ADN, très en vogue en ces jours, nous apprennent que nous sommes tous porteurs de maladies génétiques potentiellement graves ou très graves, de 2000 à 4000, mais qui probablement resteront en sommeil et ne se déclareront jamais. Dans ces conditions, qui méritera de vivre ?” Une décision qui s’avérerait ainsi dangereuse pour l’avenir de l’humanité : “Les promoteurs du DPI-A estiment que supprimer les embryons diagnostiqués malades éviterait une souffrance. Cet argument est une illusion. En considérant l’imperfection de nos enfants comme une erreur, un échec, nous nous condamnons à l’inhumanité”, tranchent-ils.Le tri embryonnaire, “une défaite de la médecine”Les parents affirment enfin que l’extension du DPI serait synonyme de “défaite” pour la médecine : “Nous voulons d’une recherche qui s’attache à guérir les
maladies génétiques, à guérir nos enfants, plutôt que de stigmatiser et de supprimer les malades qui en sont porteurs. Trier les personnes atteintes d’une maladie incurable au prétexte fallacieux qu’on ne sait pas les guérir est une défaite de la médecine particulièrement cinglante. Que deviennent la compassion, la sollicitude, la solidarité, dont nos sociétés semblent avoir pourtant fait des valeurs phares ?”“Nous refusons d’être complices d’une humanité 2.0 fondée sur une norme génétique, nous refusons un eugénisme 2.0 qui est une violence pour notre humanité : quelle place laissons-nous à nos propres fragilités ? À notre propre vulnérabilité ?” Les signataires estiment que “nous avons aujourd’hui la responsabilité collective de décider de l’humanité que nous choisissons de bâtir ensemble”. Une décision qui devrait être connue le 4 février prochain, date du vote de l’ensemble du texte de la loi de bioéthique.Click Here: West Coast Eagles Guernsey