Une étude de l’Inserm remet en cause la notion de peur de prise de poids chez les patients anorexiques. L’anorexie mentale serait en réalité expliquée génétiquement par le plaisir de maigrir.
Selon des chercheurs de l'Inserm, le plaisir de maigrir ressenti par les anorexiques serait à l'origine de la maladie. Or, jusqu'à présent, il était davantage question d'une peur de grossir.
Le diagnostic de l’
anorexie mentale repose sur trois critères internationaux : la présence d’une restriction alimentaire menant à la perte de poids, une perception déformée du poids et du corps et une peur intense de grossir. Dans un communiqué, des chercheurs de l’Inserm remettent en cause ce dernier critère. Ils avancent le postulat selon lequel “les patientes anorexiques ressentaient le plaisir de maigrir plutôt que la peur de grossir”, contrairement aux hypothèses actuelles. Ils se sont notamment basés sur le discours de 70 patientes pour parvenir à ce constat.La maigreur corporelle provoque une émotion positivePour contourner le discours trop subjectif des jeunes femmes malades, les chercheurs ont utilisé un test de “conductance cutanée”, qui mesure le taux de sudation de la peau du sujet exposé à diverses images. L’émotion provoquée par certaines images provoque en effet une augmentation de la transpiration, rapide et automatique.Les chercheurs ont montré des images de personnes de poids normal ou en surpoids aux 70 patientes. Les résultats sont très nets. La vision de la maigreur corporelle procure une émotion positive aux participantes anorexiques tandis que les sujets sains n’ont pas de réaction particulière. En jeu, la présence dans la transpiration d’une forme (allèle) spécifique d’un gène associé à l’anorexie. La maladie est en effet en partie génétique.En revanche, la vision d’images de personnes de poids normal ou en surpoids à 70 patientes, provoque à peu près la même réaction chez les malades que chez les sujets sains.Cibler les circuits de récompense plutôt que l’évitement phobiqueActuellement, il n’existe aucun traitement pharmacologique pour traiter l’anorexie. Cette découverte lève donc le voile sur une approche différente que pourraient prendre les futurs travaux en matière d’anorexie. À savoir cibler les circuits de la récompense.Les chercheurs concluent que certaines approches thérapeutiques pourraient avoir un bénéfice net sur cette pathologie, telles que la remédiation cognitive et la thérapie en pleine conscience. “Lorsque la recherche piétine, il est important de remettre en question les critères qui sont à la base même du trouble”, explique le Pr Gorwood, qui a mené l’étude.Entre 30 000 et 40 000 personnes anorexiques en FranceL’anorexie mentale se définit comme un trouble du comportement alimentaire qui affecte 30 000 à 40 000 personnes en France, majoritairement les jeunes filles.L’anorexie touche chaque année en France aux alentours de 70 000 adolescentes et jeunes femmes âgées de 15 à 25 ans, et possède le taux de mortalité par
suicide le plus haut de tous les troubles psychiatriques. Cette étude dirigée par le professeur Gorwood, chef de service de la Clinique des maladies mentales et de l’encéphale, a été conjointement menée par l’université Paris Descartes, et le Centre Hospitalier Sainte-Anne.Click Here: los jaguares argentina