Plus de 5 000 couples adoptent un enfant chaque année. Dans le même temps, 5 000 ont abandonné leur projet d’adoption. Une proportion qui souligne les difficultés des démarches, aujourd’hui dévoilées dans un rapport officiel.
Adopter est toujours aussi difficile. C’est le constat d’un rapport de Catherine Villeneuve-Gokalp présenté à l’Institut National des Etudes Démographiques.
Des démarches longues pour adopter
Pour adopter, il faut franchir de nombreuses étapes. D’abord il faut faire une demande d’agrément auprès du conseil général du lieu de résidence. Une assistance sociale et un psychologue (ou psychiatre) s’assurent alors que “les conditions d’accueil offertes par les futurs parents correspondent aux besoins et à l’intérêt d’un enfant adopté“. Cela prend plusieurs mois. En cas de refus, il faut attendre 2 ans et demi pour faire une nouvelle demande.
Une fois cet agrément obtenu (il est valable 5 ans), il faut faire une demande auprès de l’aide sociale à l’enfance ou d’un organisme autorisé pour l’adoption. Ou il faut se lancer dans les démarches pour adopter à l’étranger, avec l’accompagnement de l’Agence de l’adoption, créée en 2006. Et là encore, cela demande de la patience (trois ans d’attente en moyenne), de l’organisation et souvent de l’argent.
Une personne sur deux abandonne son projet d’adoption
Selon l’étude, la moitié des personnes candidates à l’adoption abandonnent leur projet en cours de route.
Si une personne sur 10 connaît un refus d’agrément, un candidat sur quatre abandonne avant même d’avoir passé cette première étape : dans la majorité des cas c’est un désengagement volontaire à cause d’un évènement heureux (une grossesse) ou malheureux (un divorce). Mais il y a aussi des découragements en prenant connaissance des délais de plusieurs années, de l’absence de garantie de résultat et du coût élevé, notamment pour les adoptions à l’étranger.
Une autre moitié des renoncements a lieu paradoxalement après avoir obtenu l’agrément. Cela traduit les difficultés importantes pour obtenir un enfant une fois que l’on est officiellement « autorisé » : démarches, coût, déplacement à l’étranger… Car les adoptions en France de pupilles sont rares : seuls 1 000 enfants sur les 4 à 5 000 adoptés chaque année sont des petits Français, pour lesquels les démarches sont moins compliquées et moins onéreuses.
Inégaux face à l’adoption
Pour Catherine Villeneuve Gokalp, auteur de l’étude, le système actuel d’adoption favorise finalement certains profils d’adoptants au détriment d’autres. Ainsi, les parents qui réussissent à adopter sont surtout des personnes en couple plutôt que des célibataires, sans enfant et âgées de 32 à 39 ans. Et surtout, elles sont issues de milieux favorisés. Car le salaire facilite l’obtention de l’agrément et permet d’affronter plus facilement les dépenses liées à l’adoption. De plus, les cadres abandonneraient moins en cours de route.
Il semble donc essentiel aujourd’hui d’accompagner les parents pour éviter qu’ils se découragent, et de lever certains freins à l’adoption qui limitent l’accès à cette possibilité pour de nombreux couples, notamment peu aisés. Espérons que la toute jeune Agence de l’adoption va permettre une évolution dans le bon sens…
Alain SousaSource : Du désir d’adoption à l’accueil d’un enfant, Population, Institut National des Etudes Démographiques, 2007.
Un site pour aller plus loin :
Agence française de l’adoption : http://www.agence-adoption.fr