Que reste-t-il, une fois que les feux de la passion se sont éteints? Après avoir creusé les origines et la famille dans The Tree of Life, Palme d’or à Cannes, Terrence Malick déconstruit la religion du couple. Magistral.
Organique, mystique, mélancolique… Déjà empruntés pour La balade sauvage, Les moissons du ciel, La ligne rouge, Le nouveau monde et The Tree of Life, ces adjectifs qualifient à nouveau le sixième long-métrage du mystérieux Terrence Malick, capable de disparaître du circuit cinématographique pendant vingt ans, de refuser le jeu des interviews, comme de fuir la mitraille des flashs.
Commencé tout en haut du Mont-Saint-Michel (d’où le titre du film, surnom de notre fierté nationale) pour s’évanouir dans les mornes plaines de l’Oklahoma, son dernier film est un voyage jusqu’au bout de l’amour – ou plutôt de la foi en l’amour – dont personne ne sort indemne. Ni les protagonistes, le désenchanté Neil (Ben Affleck, intriguant) et l’incomprise Marina (Olga Kurylenko, pleine de grâce), dont la relation vacille, en même temps que celle qui unit le père Quintana (Javier Bardem, marquant) à Dieu. Ni les spectateurs, invités à s’interroger sur l’œuvre de la nature, celle du divin et celle de l’homme.
Certes, à certains, le cinéma de Malick paraîtra exigeant, lent et peu bavard. D’autres – dont nous faisons partie – aimeront, au contraire, sa façon de nous impliquer dans une réflexion, la beauté de son style contemplatif et la résonance de certaines de ses répliques pour peu que la métaphysique les inspire («celui qui vit sous terre, Dieu ne le reconnaît pas», «ce sont ses choix qui font un homme», «Dieu pardonne à celui qui se trompe»…). «Ne deviens pas un ruisseau qui s’assèche», est l’une des autres sentences marquantes du film.
A la Merveille est tout sauf un long fleuve tranquille.
Toutes les critiques des sorties de la semaine (The Sessions, Au bout du Conte, 20 ans d’écart) et toutes les news ciné dans le cahier cinéma de Gala, ce mercredi en kiosque.