Le vitiligo est une maladie qui altère profondément la qualité de vie des patients qui en sont atteints. Bien que son origine reste mal identifiée, il existe différentes options thérapeutiques dont l’indication dépend de la forme de la maladie. Une nouvelle approche thérapeutique est désormais disponible pour repigmenter le vitiligo non évolutif et les cicatrices post-traumatiques dépigmentées.
Le vitiligo touche près d'un million de Français.
Le vitiligo, une maladie à l’origine encore mystérieuseLe
vitiligo est une maladie de l’
épiderme qui correspond à une perte acquise (qui n’est pas présente à la naissance) des
mélanocytes, ce qui a comme conséquence une dépigmentation, c’est-à-dire, l’apparition de taches blanches sur la peau qui touchent différentes parties du corps, en particulier le visage, les extrémités, les articulations et les zones de friction.D’origine mal connue, des études montrent que le vitiligo correspond à une altération de la fonction immunitaire déclenchée ou aggravée par le stress mais de multiples autres facteurs ont été évoqués.En France, on estime que le vitiligo touche entre 0,5 et 2 % de la population, soit environ 1 million de personnes dont une sur 2 est diagnostiqué avant l’âge de 20 ans. Cependant, le vitiligo peut apparaître à tout âge et son évolution est imprévisible.Le vitiligo, une source de souffranceLe Pr Thierry Passeron, service de dermatologie du CHU de Nice et chef d’une équipe Inserm est formel : “Dans la mesure où les plaques de vitiligo ne provoquent aucun symptôme, beaucoup de gens et parfois même des professionnels de santé considèrent le vitiligo comme un problème purement esthétique, mais en réalité il s’agit d’une vraie maladie qui peut altérer profondément la qualité de vie des patients“.En effet, des études montrent que pour de nombreux patients, le vitiligo est une source de souffrance psychologique comparable à celle de la
dépression ou de certains
cancers. Il engendre ainsi un sentiment de honte, des problèmes sociaux ou encore sexuels et peut même être une source de difficulté à l’emploi. Ainsi, dans les pays occidentaux, 1/3 des patients se disent prêts à payer 5 000 € par an pour traiter leur maladie. En Inde par exemple, le vitiligo est souvent confondu avec la lèpre et de ce fait, les gens évitent le contact avec les patients.Une maladie qui prend plusieurs formesIl existe plusieurs formes cliniques de vitiligo mais les dermatologues classifient la maladie en 2 types principaux :- Le vitiligo généralisé ou non segmentaire aussi dit vulgaire qui est la forme la plus fréquente et se caractérise par des plaques de dépigmentation nombreuses, de taille variée et symétriques.- Le vitiligo segmentaire qui se limite à une ou plusieurs plaques de taille limité et asymétriques.Le Pr Passeron précise cependant qu’il existe également des formes mixtes et que toutes les formes peuvent être évolutives ou non évolutives (plaques stables depuis au moins un an). Par ailleurs, dans le vitiligo on observe souvent ce que les dermatologues appellent le phénomène de Koebner, qui est en fait le développement de plaques de dépigmentation après un traumatisme, grattage ou sur des zones de friction comme les plis, d’où la recommandation faite aux patients d’éviter les frottements mais sans pour autant les contraindre à modifier leurs habitudes et activités quotidiennes.Différents traitements selon la forme et l’extension du vitiligoActuellement, il existe différentes stratégies thérapeutiques pour traiter le vitiligo en fonction de sa forme et extension. Ainsi, pour les formes localisées, les
dermocorticoïdes à activité forte sont souvent prescrits, sauf sur le visage. Le
tacrolimus en application locale est un autre traitement (mais ce médicament n’a pas l’indication pour traiter le vitiligo) ou encore les lampes et le laser excimer (utilisé pour traiter la cataracte). Pour les formes généralisées, les dermatologues utilisent la photothérapie UVB à spectre étroit, seule ou associée à d’autres traitements locaux. Pour les patients à peau noire ou très mate, l’exposition au soleil est aussi recommandée, ce qui n’est pas le cas pour les peaux claires.En cas d’échec de ces traitements, la greffe de peau mince ou de mélanocytes pris directement sur la peau saine du même patient (greffe cellulaire autologue) sont la référence du traitement de 2ème intention des vitiligos segmentaires ou non segmentaires qui sont stables depuis au moins 1 an. Problème : en général, les taches de vitiligo réapparaissent après des périodes variables, en général d’un an. Selon le Pr Passeron, la fréquence de récidives diminue notablement grâce à l’application, après traitement, de tacrolimus par voie locale.La greffe cellulaire autologue disponible en kitLa greffe autologue de mélanocytes constitue donc l’option thérapeutique de 2ème intention. La technique, développée en 1992, est utilisée chez de nombreux patients. Pour le Dr Michel Pascal, dermatologue spécialiste de lasers dermatologiques (Paris), il existe un dispositif médical, Viticell® qui permet de réaliser au cabinet une suspension cellulaire autologue à partir d’une biopsie de peau fine. Initialement réservé aux dermatologues hospitaliers, le kit Viticell® est désormais disponible pour des dermatologues exerçant en ville et équipés pour des petites interventions.Viticell® contient les réactifs et les dispositifs nécessaires à la préparation de la suspension de cellules épidermiques autologues qui sont ensuite appliquées au goutte à goutte sur la surface à traiter. Le kit permet ainsi d’obtenir un nombre suffisant de cellules avec une viabilité cellulaire de 94 % et contenant 1 % de mélanocytes.Viticell® est indiqué dans la repigmentation de la peau dans le cas d’un vitiligo non évolutif ou sur des cicatrices post-traumatiques hypochromatiques. Des études montrent que l’utilisation du kit permet une repigmentation significative chez 70 % des patients traités, les meilleurs résultats atteignant 84 % dans le vitiligo segmentaire.Pour l’instant non remboursé, son coût est de 480 € plus les honoraires du dermatologue pour l’autogreffe et le suivi.Dr Jesus CardenasSource : Conférence de presse du 25 juin 2015 organisée par les laboratoires Genevrier.