A l’occasion de la ressortie de “Platoon” réalisé par Oliver Stone, pleins feux sur la genèse complexe de ce film de guerre culte.
Platoon d’Oliver Stone
Avec Tom Berenger, Willem Dafoe, Charlie Sheen…
De quoi ça parle ? Septembre 1967 : Chris Taylor, dix-neuf ans, rejoint la compagnie Bravo du 25ème régiment d’infanterie, près de la frontière cambodgienne. Issu d’une famille bourgeoise, il s’est engagé volontairement et, plein d’idéal, entend bien servir son pays. Mais la réalité est tout autre et ses illusions vont tomber les unes après les autres. Il sera également témoin de la rivalité sanglante qui oppose deux officiers qu’il admire.
Premier volet de la trilogie d’Oliver Stone ayant pour thème la guerre du Vietnam (comprenant aussi Né un 4 juillet et Entre Ciel et Terre), Platoon fait partie de ces films cultes qui ont connu un historique de production particulièrement mouvementé. Ayant lui-même été au front pendant ce conflit, le réalisateur voulait, dès la fin de son service à la fin des années 1960, faire un métrage centré sur ce qu’il a vécu en tant que soldat. Ainsi, lorsqu’il était étudiant avec un certain Martin Scorsese comme professeur, il a mis en scène un film intitulé “L’Année dernière au Vietnam” qui traitait de son expérience de guerre et plus particulièrement de la question du traumatisme.
Pour l’anecdote, Oliver Stone a écrit le premier jet de Platoon en 1971. Il l’envoya alors à Jim Morrison, dans l’espoir que ce dernier accepte de jouer le rôle finalement tenu par Charlie Sheen. On raconte que le chanteur avait avec lui le script lorsqu’il fut découvert mort, à Paris, le 3 juillet 1971. Une vingtaine d’années plus tard, Oliver Stone lui a rendu hommage en lui consacrant un film, The Doors.
Une fois la version brute du scénario de Platoon achevée, en 1976, Oliver Stone a tenté de trouver un financement auprès de plusieurs producteurs, mais en vain. Personne ne voulait produire son script, jugé “trop dur, trop noir et déprimant”. Mais ce scénario lui a toutefois permis d’être engagé sur le film carcéral Midnight Express, qui lui a valu l’Oscar du meilleur scénario adapté. Auréolé de ce succès, son nom est devenu synonyme de réussite à Hollywood, d’autant plus qu’il a enchaîné avec l’écriture d’un autre film marquant : Scarface. Il accepta ensuite de réaliser gratuitement Salvador, un long métrage choc porté par un James Woods au sommet de son art, pour pouvoir obtenir les 6 millions de dollars nécessaires à la production de Platoon.
Oliver Stone voulait tourner son film de guerre aux Philippines, comme l’avait fait Francis Ford Coppola avec Apocalypse Now, en raison de la présence de forêts tropicales “faciles” d’accès. Le tournage a failli être annulé à cause d’un coup d’état militaire visant à renverser Ferdinand Marcos, mais a finalement pu commencer deux jours après le départ de l’homme d’Etat philippin. Pour faire en sorte que le jeu des comédiens soit le plus authentique possible, le réalisateur et son conseiller militaire Dale Dye se comportaient avec eux de manière tyrannique, tels des officiers de l’armée dont l’intransigeance ne connaît pas de limites. Un camp d’entraînement a également été conçu pour que les acteurs puissent être mis en situation.
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Lors de sa sortie, Platoon a été un très gros succès au box-office puisque le film a rapporté pas loin de 138 millions de dollars dans le monde (pour un budget de 6 millions). Il a érigé Oliver Stone au rang des cinéastes de renom mêlant qualités esthétiques et propos contestataire pertinent, grâce à cette dénonciation sans tabou de la guerre, et ce en pleine présidence de Ronald Reagan. La réussite du film se trouve également dans son casting, avec l’idée particulièrement judicieuse d’attribuer le rôle du mauvais soldat à Tom Berenger (un acteur habitué à jouer les gentils) et celui du bon à Willem Dafoe (au contraire davantage sollicité pour camper les bad guys). Platoon a par ailleurs été couronné de plusieurs récompenses, dont quatre Oscars : Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleure son et Meilleur montage.