L’Académie nationale de médecine propose d’interdire la publicité pour les cabines de bronzage, comme cela a déjà été fait pour l’alcool et le tabac. Face aux dangers cancérigènes liés au bronzage artificiel, les sages dénoncent les promotions des “marchands de soleil“ qui s’appuient sur des sportifs pour attirer de jeunes clients.
L'Académie de médecine dénonce la participation de sportifs à des publicités pour les cabines UV.
Vieillissement cutanée,
cancers de la peau… les risques induits par les cabines UV sont connus et dénoncés depuis de nombreuses années par la communauté médicale. Malgré cela, leur fréquentation ne cesse d’augmenter.Cabines de bronzage : des risques bien connusLa France dispose d’environ 18 000 cabines UV. Selon le Baromètre cancer 2010, “13 % de la population française âgée de 15 à 75 ans, soit environ 6 millions de personnes, ont déjà eu recours au moins une fois dans leur vie aux UV artificiels pour bronzer“. Les plus adeptes sont les 26-54 ans et plus particulièrement les femmes, dont la fréquentation des cabines UV va crescendo jusqu’à 54 ans. Les mineurs, pour lesquels le bronzage artificiel est pourtant interdit, seraient environ 3,5 % à s’y adonner. En décembre 2012,
l’enquête EDIFICE-MELANOME, initiée par le laboratoire Roche, révélait une utilisation excessive de ces cabines. 10 % des personnes interrogées ont déjà été exposées aux ultraviolets en cabine dont 2 % au cours des 12 derniers mois. Avec une consommation qui paraît excessive : 8-9 séances en moyenne au cours des douze derniers mois.Le nombre de
cancers de la peau double tous les 10 ans. Parmi ces cancers, les
mélanomes sont de loin les plus agressifs et les plus difficiles à traiter actuellement. En 2001, on estime qu’en France, 9 780 nouveaux cas de mélanome sont apparus, dont un quart à un stade avancé de la maladie. Plus fréquent chez la femme que chez l’homme, ce cancer est dans notre pays en constante augmentation. Selon une
récente étude publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire, les cabines UV seraient responsables de 76 décès par an. Une proportion qui peut paraître modeste mais qui, comme le soulignaient les auteurs de l’étude, est “comparable [au nombre de décès] attribué à l’usage d’un médicament antidiabétique oral qui a été retiré du marché pour ce motif (entre 500 et 2 000 décès sur 30 ans)“. Cette proportion serait en outre encore plus forte pour les individus ayant eu une exposition à un âge jeune, puisque la moitié des cas de mélanome seraient alors attribués au bronzage en cabine.L’Académie de médecine dénonce une infiltration dans les milieux sportifsFace à ce constat, l’Académie nationale de médecine dénonce les stratégies commerciales des centres de bronzage : “De fait, malgré la réglementation actuelle, le nombre des centres de bronzage et de ceux qui les fréquentent ne cesse d’augmenter. De plus, il est évident que, dans leurs messages publicitaires et leur pratique, les professionnels concernés n’hésitent pas à s’opposer aux décisions des pouvoirs publics ainsi qu’aux avis scientifiques destinés à informer leur public des risques encourus“. Elle accuse ces professionnels de s’infiltrer dans le monde du sport (comme l’ont fait à une certaine époque le lobby du tabac) pour donner une image positive de jeunesse et de performance à leur activité.En ligne de mire, un
partenariat de l’enseigne Point Soleil avec les nageurs du Cercle de Marseille comptant des stars distinguées lors des derniers Jeux Olympiques de Londres et
l’installation de cabines de bronzage sur le site d’entraînement de l’équipe de Manchester United par une enseigne britannique de cabines UV (cette initiative a même fait l’objet d’une
publication de la Harvard Business School dans laquelle l’ancien entraineur Alex Ferguson avoue avoir adopté cette pratique pour compenser le manque de soleil à Manchester, une pratique qui pourrait être adoptée par d’autres équipes).Pour l’Académie, il s’agit de dangereuses impostures qui visent à promouvoir auprès d’un jeune public une
pratique classée comme notoirement cancérigène par le Centre international de recherche contre le cancer de l’Organisation Mondiale de la Santé (CIRC).Vers une interdiction totale de la publicité ?Face à ces pratiques, l’Académie de médecine regrette “de ne pas pouvoir interdire totalement une telle pratique“ et refuse l’idée d’une
taxe spéciale (déjà mise en place dans certains pays et dont l’idée avait été avancée en France par l’association Sécurité Solaire), qui à leurs yeux équivaut à cautionner cette pratique. Elle émet donc deux recommandations : l’interdiction stricte de la publicité et une meilleure information sur les risques encourus par les utilisateurs, “en particulier, la mention de ces risques doit figurer sur des affiches suffisamment lisibles apposées de façon parfaitement visible, non seulement sur les lampes mises à la disposition du public, mais surtout dans les cabines de bronzage, ceci à l’instar de la réglementation en vigueur sur la consommation de tabac et de boissons alcoolisées“.Le mélanome constitue la 6ème cause de cancer chez la femme avec 5 100 nouveaux cas par an, et la 8ème chez l’homme avec 4 680 nouveaux cas annuels. En termes de décès, il représente respectivement la 14ème et la 12ème cause avec 720 et 900 décès en 2011.Près de 10 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. La moitié le sont avant 58 ans chez la femme et 60 ans chez l’homme.David BêmeSource : Expositions aux rayons ultraviolets artificiels : leur danger n’est toujours pas suffisamment pris en compte – Bull. Acad. Natle Méd. 2010— Tome 194— juin —N° 6, p 1115-1116 (
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